jeudi 24 septembre 2009

Les Tice ne font pas tout

[Une banalité, certes. Mais tant pis, je la dis quand même. ]

Premier contact avec mes élèves de 4ème cette année. Remplissage de l'emploi du temps, que je recopie au tableau, de la liste de profs et là, je remarque T..., au premier rang, qui hésite, en retard sur les autres. Je m'approche, il arrête de travailler. Plus tard, j'apprends que T... ne sait ni lire ni écrire, qu'il sait recopier mais, de son propre aveu, "pas sans faute". Une dyslexie soupçonnée mais pas diagnostiquée, pour des tas de raisons familiales. Que faire ? Je demande à mon réseau Twitter qui me répond "utiliser le mp3", type d'expérience dont j'ai déjà entendu parler et qui fonctionne, parfois.


Me voilà donc assise à côté de lui, lui proposant mon aide technologique. T... me regarde et ricane, hausse les épaules et se détourne. Quelques jours plus tard, il me jette à la figure "Vous êtes complètement débile, avec vos histoire de mp3 et tout !". Il est visiblement blessé, alors je range ma techno et je m'assieds à côté de lui quand je peux (dans cette classe très agitée, c'est difficile), je note ses réponses, qui viennent rarement, et nous désespérons ensemble.

Aujourd'hui, j'étais en train de noter ses réponses judicieuses à un exercice pas très compliqué qu'il avait visiblement bien compris quand un autre, B...,  m'interpelle. "J'ai rien compris !", clame B.... tout fort. Je regarde T., je lui demande d'aller expliquer l'exercice à son camarade et il me regarde, interloqué : "Je ne peux pas ! Ch'sais pas l'faire !".

Et là je me dis qu'avant d'introduire une technologie quelconque, il va falloir que nous trouvions le moyen de renforcer l'estime de soi chez ce garçon*...

 * ce qui peut passer par une technologie qu'il maîtrise !

lundi 7 septembre 2009

Le "tout numérique" à l'ère du tout ou rien

La presse se déchaîne en ce moment sur le thème du numérique à l'école. Chouette, ça m'intéresse. Le dernier en date, repéré par Philippe Watrelot dans sa revue de presse (quoi ? Je n'achète pas Libé dans un kiosque ???), me fait de nouveau réagir.

«L'école n'est pas prête à passer au tout-numérique»

Dit donc Libé aujourd'hui. Et moi qui suis prof dans un établissement équipé avec deux salles informatiques et demi (et quart, devrais-je dire : un PC en windows 98, ça compte pour la moitié d'un XP non ?) et de quelques vidéoProjecteurs non fixés, je me demande avec angoisse ce que Libé entend par "tout numérique", et appréhende quelque peu le passage du "no numérique" ou presque, au "tout numérique". Non, c'est faux : ce que j'appréhende réellement, c'est la remise en cause scientifique de mes méthodes pédagogiques plutôt investies par les TICE ces dernières années... et la remise en cause de l'équipement des écoles sous ce prétexte.


A la lecture, je me rassure : l'article évoque le manuel numérique, et la lecture uniquement sur support numérique qui semble n'être pas faite pour tout le monde . Mais, cher Libération, qui a parlé de ne lire que le manuel ? Pascale Gossin, maître de conférence en Sciences de l’information et de la communication à l’université de Strasbourg, interviewée, semble l'avoir bien compris : dans une classe, un enseignant fait des tas d'autres trucs, en plus de faire lire le manuel. Et il y a aussi pas mal d'autres choses à travailler que la lecture avec les outils numériques : faire écrire, écouter, créer ...

Même à ce propos, l'article met en doute l'efficacité des outils numériques sur l'apprentissage : "Scientifiquement, ce n’est pas démontré".Et là, je suis entièrement d'accord !!! C'est la même chose avec les marteaux. Oui oui, je voudrais mettre en doute l'efficacité du marteau pour accrocher des tableaux au mur. C'est vrai, les faits le prouvent : clous tordus, trous dans le mur, doigts meurtris et tableaux qui tombent. Mais voilà : sont-ce les outils ou les situations dans lesquelles on les emploie ? Ou encore la compétence de ceux qui tiennent l'outil ? André Tricot, que j'ai entendu aux rencontres du CRAP cet été, disait : "l'usage des technologies ne peut être efficace que s'il part d'une situation pédagogique pensée" (je cite de mémoire). Autrement dit (et j'applaudis): au diable les outils, pourvu qu'on ait une situation pédagogique !". Oh là ! J'en vois certains sauter de joie... Mais cela ne signifie pas qu'on peut jeter les ordis à la poubelle ! Comme Pascale Gossin le suggère également, les enseignants n'ont plus le choix et doivent utiliser et former à l'utilisation des outils modernes de communication.


Et voilà, le problème est là : nous sommes formés à une pédagogie transmissive, alors que lesdits outils offrent un savoir (même désorganisé), suggèrent une mise en activité et une démarche autonome. Merci donc à l'article de Libé et à son interviewée de le souligner : il faut nous FORMER, poursuivre la recherche sur les usages des TICE et changer, que dis-je, révolutionner notre façon d'envisager l'école. Nous n'avons plus le choix : nous ne sommes plus les sources du savoir.


Note : Mon étonnement reste, tout de même : parler du "tout numérique" est, au vu de l'équipement de bien des écoles, des collèges et des lycées, un peu exagéré !

vendredi 4 septembre 2009

Education et Histoire- Géo sur twitter

Après Les Clionautes (http://www.twitter.com/clionautes), le ministère de l'éducation nationale ( www.twitter.com/EducationFrance ), certaines académies (www.twitter.com/acpoitiers, et acCorse) et certains CDDP (ex http://www.twitter.com/cddp37), TV5 monde (EnseignerTV ) le CRAP - Cahiers Pédagogiques est aussi sur Twitter (http://twitter.com/CahiersPedago) ! Bienvenue à eux !
Je ne tenterai pas de vous convaincre de vous inscrire sur ce service de microblogging, néanmoins si vous y êtes, profitez-en !


Rappel : vous trouverez aussi quelques clionautes ou assimilés (ajoutez http://www.twitter.com/xxx) : alozach, cjouneau, gemtice, levequemichel, psallet, jefftavernier, gduboz, fmoreda, CLAVEL_C, atresgots, MilaSaintAnne, histoire, lyonelkaufmann, DavidLandry, mcbd, hugobillard, gtouze, profenhistoire ainsi que les non moins intéressants educations, diversifier, MarioAsselin, russeltarr, eu_schoolnet, noeljenkins, epnwallonie, phwatrelot, ochenevez, GeographyFacts, Vidberg, graeme5, webpedago, chrism, PopulationData, EducNat, Gadzbitch
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Je n'oublie pas quelques musées : museedelaposte, museumtoulouse et aux Etats-Unis voir http://www.museummarketing.co.uk/?p=132 et http://twitter.com/search/users?q=museum

Et je n'indique pas ici, faute de temps, le nombre grandissant d'enseignants de lettres, de philo, les documentalistes, les profs de maths et de langues vivantes (et mortes ?) dont vous lirez les tweets avec autant d'intérêt que moi !
Rien n'interdit d'aller voir en dehors de notre sphère d'intérêt habituelle : tout l'intérêt de Twitter réside dans l'ouverture à d'autres mondes ! Alors visitez les "Followers" et "Following" des twitter que vous aimez !

mercredi 2 septembre 2009

Direct Soir imagine l'école du futur

Le quotidien gratuit Direct Soir propose un dossier sur l'école du futur. Sa première qualité ? Figurer entre les pages plutôt salaces de Fluide Glacial et un reportage sur la relaxation à domicile. En ces jours de rentrée, c'est vraiment sympa de penser à nous détendre. D'autant que les propos ont de quoi stresser quelques partisans de l'ancienne école !



Afin d'évoquer l'école du futur donc, un chercheur de l'INRP, Eric Sanchez (c'est mon copain-collègue et co-auteur, je ne suis pas peu fière !), le penseur de la pédagogie Philippe Meirieu et Pierre Frackowiak de la Ligue de l'Enseignement qui décrivent une école ouverte à la famille et sur l'extérieur, dans laquelle l'enseignant n'est "pas seulement un distributeur de savoirs mais un professeur d’intelligence, de méthode de travail, de citoyenneté" (P.Frackowiak), et les élèves deviennent acteurs et producteurs de savoir dans le cadre de ce qu'on appelle le "Lonf Life Learning" ou "formation tout au long de la vie".
Les technologies ont un rôle secondaire dans le discours des chercheurs, loin derrière la relation prof/élève qui est largement interrogée. Les technologies doivent rester discrètes et au service de l'enseignement, dit E. Sanchez. Pourtant elles restent très présentes dans la mise en page et dans les encadrés : TNI (Tableau Numérique Interactif) , cartable numérique, ordinateurs portables, ENT (Espaces numériques de Travail) versus tableau noir et craie. Je leur dis que j'utilise les 2 ?
Un dossier intelligemment construit donc, qui s'appuie sur des personnes sensées dans un parti pris résolument progressiste, et qui se termine par un article sur... le bio dans les cantines ! Un dossier systémique, donc !