jeudi 18 novembre 2010

Fish and chiffres

 Bon, d'accord, le nom reste à trouver pour ce jeu créé par mon économiste d'époux. Il permet de travailler la question des ressources épuisables et les effets des quotas (c'est de l'économie, mais ça me semble intéressant dans le cadre du travail sur le développement durable).

Il faut d'abord jouer, sans donner les objectifs d'apprentissage.
Ensuite, l'enseignant revient avec les élèves sur les notions qui ont été découvertes ou mobilisées pendant ce jeu. Cela peut concerner aussi les stratégies employées (si les pêcheurs collaborent par exemple pour se répartir la pêche).

  • Nombre de joueurs : 
On peut jouer à 25 joueurs individuels sans problème. Au-delà, certains se retrouveront sans poisson du tout.
Avec un trop petit nombre de joueurs, il n'y a pas vraiment de problème de ressources... Il faut réfléchir à d'autres règles !
  • Règles du jeu : 
Vous êtes des pêcheurs de nombres (les nombres ce sont les poissons).
Votre but est de pêcher des poissons pour les vendre et pouvoir en vivre.

Le prix du poisson sur le marché :
- Les nombres premiers valent 0 car ils sont immangeables
(rappel nombres premiers 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37, 41, 43, 47, 53, 59, 61, 67, 71, 73, 79, 83, 89, 97)
- Les poissons multiples de 2 valent 2
- Les poissons multiples de 3 mais pas de 2 valent 3
- Les poissons multiples de 5 mais pas de 3 ni de 2 valent 5
- Les poissons multiples de 7 mais pas de 5, ni de 3, ni de 2 valent 7

Chaque pêcheur doit donner trois nombres de 2 à 99
Un poisson déjà pêché (un nombre déjà donné) ne peut plus être repêché (redonné)

Ex : un pêcheur ayant déjà "pêché" le poisson 33, tout joueur donnant le chiffre 33 rapporte 0
Les bateaux de pêche sont numérotés de 1 à n
  • 1er tour : les bateaux de pêche quittent le port dans l'ordre de 1 à n
Chaque pêcheur donne ses trois chiffres à son tour. On compte les points.
  • 2ème tour : les bateaux partent dans un ordre aléatoire
Chaque pêcheur donne ses trois chiffres lorsqu'il est appelé.
  • 3ème tour : les quotas de pêche sont mis en place
Chaque pêcheur ne peut pêcher qu'un poisson de 7 et un poisson de 5. Si un joueur dépasse les quotas, sa pêche est réquisitionnée et il reçoit 0
L'ordre de passage est aléatoire.

On s'aperçoit vite que les quotas sont favorables aux pêcheurs !
Un jeu de Frédéric Jouneau-Sion

Happy Wood

Il s'agit d'un jeu de plateau, utilisé en accompagnement personnalisé en seconde, ou en cours de géographie en 6ème.
Il faut d'abord jouer, sans annoncer les objectifs d'apprentissages
A la fin du jeu, l'enseignant doit en revanche faire parler les élèves sur ce qu'ils ont appris ou mobilisé comme notions de géographie. Ici, c'est essentiellement la notion de territoire, d'utilisation de l'espace, de concurrence sur l'espace, et la possibilité de discuter et de négocier pour résoudre les conflits.

Le matériel :
Pour un jeu :

- un plateau de jeu avec la forêt, la ville A, la ville B), deux routes et une échelle du bonheur





- 5 pions de couleur (qui correspondent aux 5 personnages : habitant A, habitant B, maire,
industriel, Parc naturel)

- des cartes-actions de couleur


- 25 jetons noirs (jeton de mécontentement) et 25 jetons de couleur (jetons de bonheur)
  • Le but :
- but individuel : arriver le plus haut dans l’échelle du bonheur
- but collectif : arriver le plus groupé et le plus haut possible dans l’échelle du bonheur (c’est-à-dire : avoir le moins de gens mécontents)
  • Règle du jeu : 
Déroulement d’un tour de jeu :

-
Chaque joueur choisit une des actions parmi celles qui sont proposées à son personnage. Il pose la carte-action à l’endroit où il veut la réaliser.
Exemple : la carte “construire une usine” peut être posée dans la forêt, en
bordure de forêt, à l’extérieur de la ville ou … où vous voulez !
- Quand tous les joueurs ont posé leur carte action (une seule carte par tour), chacun
distribue à son tour tous ses jetons blancs (jetons de bonheur) aux joueurs dont les actions le satisfont le mieux
:
il doit distribuer ses 5 jetons de bonheur, mais peut les distribuer comme il veut aux autres joueurs (il est possible de donner 1,2,3,4 ou 5 jetons de bonheur à un seul autre joueur). Il explique son choix.

Exemple : “je te donne 3 jetons blancs parce que tu as décidé d’aller au
travail en vélo, et que ça ne pollue pas”
Chaque joueur a la possibilité, mais non l’obligation, de distribuer jusqu’à 5
points noirs
(pions de mécontentement) aux joueurs dont les actions les ont mécontentés.
Il faut là aussi expliquer son choix, et le joueur concerné peut alors négocier pour éviter les jetons noirs.

- Négociation : chaque joueur menacé d’un ou plusieurs pions noirs, ou qui reçoit un nombre insuffisant de pions blancs, peut négocier :
- déplacer son action
- limiter son action dans le temps

ex : faire du quad en semaine quand il n’y a pas de promeneurs
- promettre une action future

ex : planter des arbres pour cacher l’usine
mais ne peut pas changer d’action.

Score
Scores individuels :

- Quand tout le monde a distribué ses points, on fait avancer les pions sur l’échelle du bonheur : avancer d’une case par jeton blanc reçu, reculer d’une case par
jeton noir reçu.

- Après 3 tours (ou 5 selon les cas), celui qui est placé le plus haut a gagné.

Score collectif :
on fait le total des points de chaque joueur et on retranche le nombre de points qui séparent le joueur le plus avancé sur l’échelle du bonheur, de celui le plus bas dans cette échelle.

Exemple de score 
joueur 1 et joueur 2 : 22 points chacun
joueur 3 : 21 points
joueur 4 : 15 points
joueur 5 : 5 points
total = (22+22+21+15+5) - (22-5) = 85-17 = 68



Merci à
Vincent Everaert pour ses conseils. Merci au collègues et amis des Clionautes (www.clionautes.org), du réseau Ludus (http://histgeo.discip.ac-caen.fr/ludus/)
et du réseau Apprendre2.0 (http://apprendre2point0.ning.com/) pour leur aide.

jeudi 11 novembre 2010

Accompagnement personnalisé : Vers la cartographie de notre territoire...

Pour les séances d'accompagnement personnalisé dont mon collègue Gilles et moi-même sommes responsables, nous avons décidé de travailler sur la cartographie.
Nous avons donc élaboré cette démarche qui commence par le repérage, se poursuit par l'apprentissage du langage cartographique et se termine par de la cartographie subjective.



Voir le site dédié

Merci à celles et ceux qui m'ont apporté leur aide (à lire ici)

mercredi 10 novembre 2010

La route est longue...

J'ai passé ma journée à me justifier...

Mercredi 9 heures : "Madame, pourquoi on fait pas un cours normal ???" me demande Juliette. Bon la dernière fois avec Thomas j'avais compris : les copains de la classe qui font un exposé qui remplace le cours du prof, ça déstabilise. Mais là ??? A part les tables en carré, il s'agissait juste d'une préparation en groupe d'une heure, correction-cours pris en note. Et pis de toutes façons c'était le début, du genre "sortez vos livres, aujourd'hui vous allez répondre à la question :
"Pourquoi des besoin  plus importants ?" à l'aide du document page tant.
Même pas bizarre !

Juliette, chère jeune fille de 15 ans, que préfères-tu ? Un cours dicté que tu auras oublié le mois prochain ? Ou que je t'apprenne à réfléchir aux problèmes du monde ?
Juliette a compris, et puis elle est rassurée, j'ai repris moi-même de ma voix douce et assurée les éléments apportés par les élèves en correction pour qu'ils le notent dans leur cahier en toute sécurité.

Mercredi 10 heures :

"Caroline, c'est normal si les secondes ont une super moyenne ? Ils ont 12 !". Ben oui c'est normal : je leur ai demandé de chercher des infos, de critiquer des documents, de construire un raisonnement et de communiquer leurs conclusions à l'écrit et à l'oral, et ils y sont arrivés. Peut-être faudrait-il que je les habitue à des évaluations plus ... scolaires, à des notes plus basses ? Je n'ai pas très envie... Pour le moment ils travaillent, ont l'air de comprendre, d'aimer... (enfin, tant que je reprends leurs mots de ma voix douce etc...)


Mercredi 11 heures : 

Chers élèves de Terminale, j'ai entendu dire que ça vous pose problème que je vous dise "Je ne sais pas" quand je ne sais pas, et que je vérifie mes dates quand Fabrice (il est très calé en histoire contemporaine, Fabrice, il lit tout, regarde tout, retient tout... Il en connaît des choses Fabrice, et ne laisse pas la place à l'erreur ou à l'approximation. Un trésor pour un prof, Fabrice. Encombrant, mais d'une valeur inestimable. "Fabrice, tu veux bien développer sur le procès de Nuremberg ?", un trésor je vous dis. ), que je vérifie donc mes dates quand Fabrice donc me signale une erreur.
Hé bien oui, je fais des erreurs. De date, de définition, tout ça. Ca m'arrive. Et je ne sais pas TOUT de l'Histoire du monde. Donc plutôt que de faire semblant que je sais, ou d'affirmer que j'ai raison et que Fabrice qui comme vous le dites n'est qu'un élève, a tort, je préfère l'honnêteté intellectuelle. Ca n'est pas très rassurant pour vous, je le sais. Mais je trouve encore plus inquiétant de vous laisser repartir, confiants, avec des erreurs. Et je préfère que vous mettiez un gros ? lorsque je doute plutôt qu'une erreur qui passera inaperçue.

Alors voilà, mes chers élèves de Terminale : vous allez noter des ? quand je douterai. Vous avez même le droit de me demander l'autorisation de sortir vos téléphones pour vérifier dates et événements sur diverses sources aussi fiables que les miennes. Vous irez vérifier dans votre manuel ou ailleurs les infos que je vous aurais données, vous comblerez les trous et effacerez vos ?. Bref, vous ferez mieux votre métier d'élève parce que j'aurai montré mes doutes et que je n'aurai pas camouflé mes erreurs.

Mercredi 15h30 : 
"Madame, j'ai croisé vos enfants à vélo tout seuls tout à l'heure (sur une routounette fort peu fréquentée du Sud Beaujolais, dans les 500 mètres qui séparent la maison du lieu de leurs activités du mercredi), j'ai eu très peur, c'est dangereux !" Moi bêtement, j'ai cru que mes enfants roulaient à gauche, pas sans casque (j'ai vérifié avant de les laisser partir) mais peut-être sans les mains dans le virage, ou debout sur la selle ? Mais non. Juste : c'est dangereux de laisser des enfants de 8 et 10 ans faire du vélo seuls sur 500 mètres d'une route peu fréquentée. Il faudrait que je les accompagne jusqu'à leur majorité. Ou jusqu'à ce qu'ils me claquent la porte au nez en disant "j'en ai marre de cette famille de ... j'me tire", prennent leur vélo seuls pour la première fois et ... je ne veux même pas y penser.

Quoi de commun entre ces quatre moments d'une de mes journées ? 

L'autonomie. C'est difficile de penser tout seul, c'est difficile de se prendre en main, dans ce vaste monde plein de dangers, d'incertitude et de complexité. C'est difficile aussi d'aider des enfants à devenir autonome, à être équipés pour naviguer en toute sécurité dans notre monde, parce qu'il faut y aller doucement. Mais c'est encore plus difficile lorsqu'on se sent seul à faire cet effort difficile... et que le reste du monde vous renvoie un regard au mieux interrogateur, au pire réprobateur.

Alleeeeez, je le sais bien, je ne suis pas seule en vrai. Vous êtes là ! Mais s'il vous plaît, si vous me croisez dans mon lycée ou sur la routounette du Beaujolais, faites-moi signe !