mardi 4 octobre 2011

De l'équipement numérique des lycées

J'enseigne désormais au lycée. Un super beau lycée, tout neuf (il fait sa 4ème rentrée cette année), avec de chouettes élèves (presque tous, faut quand même pas rêver), de chouettes profs (pareil que précédemment), et une équipe de direction toute neuve.

En arrivant l'an dernier, je n'avais donc aucun doute : j'allais pouvoir poursuivre mes pratiques numériques en classe, hors la classe, grâce à un équipement numérique tout neuf.
Ben oui : lycée tout neuf = lycée à la pointe de la modernité, adapté au monde dans lequel il s'est construit.

Ben non.

L'an dernier, murs nus en béton, 2 vidéo projecteurs par étage, une salle info de 15 postes pas tous opérationnels pour l'enseignement général, un collègue qui a deux heures par semaine pour gérer le réseau. Pas d'ENT, pas de cahier de texte électronique, pas de site internet.
J'ai râlé un peu sur ce blog (ne cherchez pas, j'ai supprimé ce billet dans un mouvement d'autocensure qui m'a permis de dormir la nuit) et (c'est pas forcément lié) hop ! une nouvelle salle info est apparue, et des vidéo projecteurs ont poussé au plafond de presque toutes les salles. On a un beau site internet dont je m'occupe un peu.

Alors ??? Heureuse la Caroline ?

Hum.... Comment dire ? La nouvelle salle info double en effet l'offre d'ordinateurs pour les matières générales. De 15 on est passés à 30. Youpi ! Qui ne fonctionnent pas tous non plus, et le collègue n'a toujours que ses deux heures pour s'en occuper. Ni la formation ad hoc. Mais pas d'inquiétude : mes 36 élèves n'ont pas tous envie de travailler en même temps de toutes façons. Ceci dit, pour jouer au super serious game financé et promu par la même région, ça va pas être facile...

Par ailleurs, nous avons été généreusement dotés de magnifiques vidéo projecteurs interactifs qui remplacent donc le TBI. Mais on attend toujours la formation qui va avec (sauf moi, merci Sebastien !). Mais pas dans toutes les salles, et ça donne donc, une heure par semaine :
(Du coup, Christophe, je ne vais pas te rendre tout de suite ton matos sauf si tu me le demandes. Mais du coup ton capital reconnaissance éternelle augmente)

Alors je m'interroge : messieurs et mesdames de la région qui m'accueille et que j'adore, vous êtes vous demandés, avant de dépenser des sous dans cet équipement informatique, avant même d'avoir dessiné les plans de ce super lycée tout neuf, HQE, modèle, vous êtes-vous demandé quels étaient les besoins des enseignants et de leurs élèves, à quoi et à qui allaient servir ces technologies ?
Parce que là je peux vous dire ce que ça donne :
- les salles informatiques sont utilisées pour les demi-groupes. C'est-à-dire, pas souvent par élève.
- les vidéo projecteurs renforcent le côté magistral des cours, autrement dit un modèle pédagogique parfois utile, mais qui n'est sûrement pas le modèle dominant de demain (OK il devrait pas non plus être le modèle dominant aujourd'hui mais bon...)
- le côté interactif des vidéoprojecteurs vous a sûrement coûté cher et il me plaît beaucoup :
mais sans formation, et avec des stylos qui restent dans le bureau de l'intendante / dans les casiers / dans les trousses de quelques aventuriers du numérique parce qu'ils coûtent cher et ne peuvent rester dans les salles, ça risque pas d'être utilisé tous les jours... Et puis : on branche nos ordis perso alors il faut recalibrer le vidéoproj interactif à chaque fois : 4 à 5 points par ligne, 4 à 5 ligne par écran, à chaque changement de salle. A moins d'envoyer Kevin paramétrer le tableau en début de cours, y'a de quoi se prendre son lot de boulettes pour commencer...

Bon, je vais pas me plaindre. On peut quand même bricoler des trucs avec un vidéo proj, mon ordi perso, une connexion filaire dans chaque salle et les téléphones des élèves qui ont l'abonnement adéquat.

Photos de classe
Mais quand même un peu : c'est mon argent public qui sert à financer ces outils qui ne servent pas mes démarches pédagogiques. Ne pourrait-on, avant de dépenser des sous qui se font de plus en plus rares, demander leur avis aux gens qui vont s'en servir ?
Merci d'avance.

lundi 3 octobre 2011

Ma fille, Twitter et moi (éducation maison aux réseaux sociaux)

"Mamaaaaan ! Je peux écrire un message sur Twitter ?"
Cette phrase, en général hurlée depuis un endroit où je ne suis pas, a remplacé le sempiternel "Mamaaaaaan ! Je peux jouer à la Wii ?" de ma fille chérie, bientôt 9 ans.
Ca a commencé à l'anniversaire de son frère pour lequel j'avais organisé une chasse au trésor de compétition (ou plutôt de collaboration) inspirée de celle de ce super papa que je ne connais pas mais que je remercie. Parmi les quelques éléments modifiés, j'ai notamment remplacé les tickets d'aide par la phrase suivante, dans la consigne :
"Si vous avez besoin d'aide, vous pouvez solliciter votre réseau d'espions amis. Pour cela, il vous suffit d'écrire un message sur Twitter avec votre question suivie du mot clef #pixel" (en hommage au chat de @milasaintanne qui me manque tellement que ça commence à se voir). 
Au début, pas vraiment besoin d'aide extérieure mais quand il a s'agit de traduire une phrase en anglais...
ou en hiéroglyphes (les copains égyptologues, ne m'étranglez pas siouplé)




merci à @gduboz, @ymarvin27 et quelques autres qui ont réagi au quart de tour (un peu avertis avant quand même).
Et zou, ma fille chérie (oui, les garçons sont partis jouer au rugby dès la troisième étape, laissant aux filles le soin de trouver le trésor) découvrait que Twitter, c'est pas seulement un truc ou maman discute avec ses copains de trucs trop marrants qui la font pouffer, c'est aussi un outil qui permet de trouver de l'aide auprès de vrais gens.
Deux jours après : "Mamaaaaan, je pourrais moi aussi avoir un compte Twitter ?"
L'occasion de réfléchir : je mets mon vrai nom, pas mon vrai nom, pourquoi, quel pseudo que je pourrai encore assumer dans 8 ou 10 ans ?
A qui je m'abonne ?
Mon avatar doit-il me ressembler ? 
Est-ce que je peux envoyer des photos ?
Allez je me mets en privé, pour pouvoir envoyer des photos aux gens que je connais sur Twitter.
Et qu'est-ce que je peux écrire sur Twitter aujourd'hui ?

Bref, des questions qu'elle se posera j'espère quand elle se créera un compte Facebook (sans moi ? Nan c'est interdit de se créer un compte sans l'accord de Papa ou de Maman), et puis un compte chais pas quoi vu que ça existera pas encore et sans me prévenir vu qu'elle aura 15 ans et qu'on se chamaillera comme chien et chat fille de 15 ans et sa mère.
Un peu comme elle a fait quand elle s'est créé (sans me le dire, à 8 ans) un compte sur un jeu massivement multijoueur avec clavardage et tout et tout.
Argh.