jeudi 18 août 2011

Bibi à l'IFIP (plutôt que Caroline à la plage)

 Ces derniers jours, je participe à la conférence annuelle de l'IFIP titrée IIGWE, à Mombasa, Kenya. L'IFIP c'est pour International Federation for Information Processing (http://www.ifip.org/) et se présente comme une organisation multinationale, apolitique, concernée par les technologies de l'information et de la communication et des sciences, sous l'égide de l'Unesco. Ils organisent des conférences pour réfléchir sur le sujet en mêlant scientifiques, praticiens, décideurs. La conférence IIGWE (ICT and Informatics in a Globalized World of Education) est organisée par quelques groupes de travail du comité technique de l'éducation (TC3).



En arrivant, j'ai été un peu surprise de l'ampleur de la conférence : j'ai vu sur le programme des gens du monde entier, de Finlande, du Canada, des Pays-Bas, de Suisse, de Lituanie ou d'Ethiopie (et du Kenya, bien sûr). Et pourtant seulement une cinquantaine de participants dans une grande salle vide, presque tous des conférenciers, d'ailleurs. J'avoue que, partant du principe que plus on est de fous plus on rit et plus on est de cerveaux mieux on réfléchit, j'ai été un peu déçue. Et puis les interventions ont commencé et j'ai compris : on n'est pas ici pour rigoler (bien que, on peut pas s'empêcher) et vous savez quoi : on bosse dur ! On enchaîne conférences et ateliers, communications et panels et chacun parle, pose des questions, suggère… une sorte de barcamp en quelques sorte, un barcamp de conseillers des systèmes éducatifs, de profs, de chefs d'établissement, mais sans les post-it de Mario Asselin et sans les bruits de vaisselles du bar du casino de Ludovia.

On parle donc ici d'intégration des TIC dans l'éducation, et en premier lieu du contexte : le rôle des jeunes dans la révolution des médias sociaux et son impact sur le développement de la démocratie en Afrique de l'Est (Alaaz Kasam), la puissance des médias sociaux pour l'éducation (Steve Wheeler), la perception des technologies par les étudiants d'une école de Mombasa (Enos Kiforo Ang'ondi). Ma communication : Web 2.0 is Challenging School qui fait un peu la transition avec le deuxième type d'interventions, plutôt axée sur les moyens d'intégrer les TIC dans l'école. J'ai adoré cette présentation du lycée Helen Parkhurst Dalton School aux Pays Bas par son directeur Pieter Hogenbierk. Son école est partie de cinq piliers qui la soutiennent :
- confiance dans les "apprenants" (mon copain Jacques va me tuer, alors disons "élèves")
- responsabilité et "accountability"
- apprentissage collaboratif
- accent porté sur les compétences
- auto analyse et feed-back

et a ensuite développé tout le reste (enseignement, emplois du temps, outils etc…) de façon à développer ces piliers. Autrement dit : une école qui repose sur un projet pédagogique, comme l'est le collège Clisthène, le lycée expérimental, l'école du futur de Philadelphie.
Le résultat : des élèves autonomes pour des cours de 70 minutes pour (selon les cas) permettre une pédagogie de projet ou pour inciter les enseignants à varier leurs approches pédagogiques (ou les deux !), une semaine par trimestre pour un projet au long cours centré sur la citoyenneté active et impliquée, et du coup un usage des technologies assez important. L'école s'évalue ou se fait évaluer régulièrement suivant une grille plutôt intéressante.
OK, d'accord, ils sont super bien équipés. Je vous dis pas, vous allez être malades. Simplement un indice : les salles informatiques, c'est fini. FI-NI. Equipements mobiles.

J'ai entendu aussi Betsy Dokter présenter un projet des archives d'Amsterdam qui accueille des jeunes pendant une semaine (toujours cette semaine d'éducation à une citoyenneté active qui semble être de règle aux Pays Bas) pour rencontrer des personnes âgées et augmenter la section "historique" du site Fotorally.eu grâce aux photos des pensionnaires et aux compétences technos des jeunes. La poster session m'a aussi permis de rencontrer des enseignants d'Afrique de l'Est qui utilisent les technologies de manière très réfléchie dans des conditions d'enseignement parfois extrêmes. Ceci dit j'ai l'impression que les écoles sont plutôt bien équipées en ordo, même dans la campagne… (voir l'album photo, confirmé par les témoignages ici). Manque juste l'électricité parfois ! 
Eric Sanchez (oui oui, @australopitek) a présenté son travail de recherche sur les jeux dans les apprentissages qui a suscité un certain engouement tant pour la méthodologie de recherche (oui oui il construit sa recherche avec les profs, pas tout seul dans son coin et non non, il ne compare pas deux "populations" d'élèves, l'une AVEC, l'autre SANS (TIC, jeux ou que sais-je) que pour l'idée de permettre aux profs de développer leurs propres jeux.

Enfin, la dernière (mais non la moindre) partie du travail concerne plutôt la gouvernance : comment (et pourquoi) développer la coopération internationale en éducation ? Comment former les enseignants à distance ? Quelle formation pour les décideurs en éducation, technologie, innovation ? Quels programmes pour l'école ? Quelles compétences développer pour une éducation adaptée aux prochaines dizaines d'années ?
Cette conférence est accueillie dans la superbe Aga Khan Academy of Mombasa mais, bien sûr, nous avons visité une série d'autres écoles qui nous ont fait découvrir d'autres réalités, j'en parlerai plus tard…

PS J'ai des difficultés à me connecter : on travaille tout le temps, sans wifi (la connexion est filaire). Je mettrai donc tous les liens vers les conférences, les présentations etc… quand j'aurai le temps de les chercher, si ça ne vous dérange pas...

1 commentaire:

mipier a dit…

On attend avec impatience...