jeudi 11 septembre 2014

Résultats d'enquête "tablettes à l'école" 2/5 : Usages en classe

Lors de l’enquête menée dans le cadre de mon stage chez Maskott sur les usagers des tablettes à l’école, j’ai découvert des usages très variés depuis la maternelle (et je ne parle pas de mini jeux, hein !) jusqu’au lycée. Ces usages utilisent les caractéristiques techniques de la tablette : sa légèreté, sa petite taille, ses outils intégrés, sa connectivité. Et une interface souvent intuitive.

« Trouvez moi ça sur internet »


La tablette est d’abord un outil de consultation. Déjà présente dans la classe, dans l’armoire ou dans le cartable de l’enseignant, elle est donnée à l’élève pour aller chercher des informations sur internet, ou dans l’encyclopédie présente sur la tablette. Une enseignante, TZR, se sert de sa tablette comme d’un cartable : elle y stocke ses cours, ses documents, qu’elle vidéo projette pendant la classe.
D’autres ont passé du temps à trouver des applications pertinentes, des jeux, des quizz, que les élèves ont plaisir à utiliser. Certains collègues enfin utilisent la tablette comme un outil de remédiation en pédagogie inversée : les élèves qui n’ont pas lu, écouté ou regardé le cours avant la classe sont invités à le faire en classe, sur tablette, pendant que les autres s’engagent dans l’activité prévue par l’enseignant.


« Enregistrez-moi ça ! »


Mais la tablette est aussi un outil de collection de traces. Dotée d’un appareil photo, d’une caméra vidéo, d’un capteur de son, d’un logiciel de carte avec géolocalisation, de logiciels de traitement de texte et de dessin, une tablette est le « couteau suisse » de la classe, expression souvent reprise mais assez juste. On voit donc des élèves qui font un reportage en images dans le lycée sur le civisme, collectent des images et en font un montage commenté (dans powerpoint pour le coup mais ça pourrait être un traitement de texte, book creator, un blog ou le site du lycée). Au lycée encore, une prof d’EPS fait amener la mallette de tablettes au gymnase pour les cours qui demandent un geste technique : gym, lancers… Les tablettes sont à disposition, les élèves se filment, se regardent, recommencent… et effacent à la fin leurs gestes ratés. Se filmer pour préparer l’oral, s’enregistrer en train de lire, prendre des notes du cours… Des choses simples finalement côté élèves, qui nécessitent pourtant souvent un gros effort de la part de l’enseignant, lorsque les tablettes sont conservées au CDI, loin de tout, dans des mallettes de 15 à 20 kg chacune.

« Créez ! »



D’autres usages sont plus complexes, et utilisent la tablette comme un outil de création. Des enfants de maternelle créent l’annuaire de la classe (ou le trombinoscope) en se photographiant, en écrivant leur prénom et en créant un bouton qui permet d’entendre le prénom à la demande. Pour les plus grands, on pourra détourner le portrait croisé en demandant à chaque élève de présenter son camarade sur une page de l’annuaire, par écrit, de faire enregistrer la version anglaise ou espagnole. La tablette, c’est aussi le cahier de vie, rempli à tour de rôle, qui part dans les familles, chacune son tour, chaque semaine. Book Creator est souvent cité : les élèves deviennent créateurs de leur propre manuel, ajoutant des documents, des questions, des sons, des vidéos pour concevoir un support de cours qui sera peut-être utilisé et enrichi par la génération suivante. Des élèves de collège créent des frises chronologiques, des Tellagami et utilisent les tablettes au CDI pour créer le journal du lycée
Et puis la tablette est un outil de publication, et tous ces travaux peuvent être envoyés sur le cloud, blogués, partagés.

« Soyez autonome ! »

Contrairement à l'ordinateur qui nécessite une salle informatique, la tablette est un outil individuel : on peut donner une tablette à quelques élèves et pas aux autres. Son interface très intuitive débarrasse l'enseignant de toutes les interventions habituelles en salle info : "m'sieur j'y arrive pas", "madaaaaame ça marche pas" etc...  Elle est donc souvent utilisée pour autonomiser les élèves : des activités de groupe, dont les consignes sont distribuées via un ebook par exemple. Ces activités sont souvent des tâches complexes, l'élève utilise alors la tablette à la fois comme accès aux ressources dont il a besoin, en ligne le plus souvent, ou dans l'encyclopédie installée sur la tablette, et comme outil de création d'un objet numérique. L'un des enseignants pratique la classe inversée : les élèves ont des vidéos à regarder à la maison, ou des textes à lire. Mais le risque, c'est qu'ils n'ait pas vu ou lu le cours avant... C'est pire qu'un cours magistral pas écouté ! La solution : donner une tablette à ces élèves, les mettre dans un coin de la salle à faire en classe ce qu'ils auraient dû faire à la maison. Bon, il ne faut pas que ça arrive trop souvent.... Mais j'aime bien l'idée de ne pas abandonner ces élèves-là, dans un système qui est très à la mode ces temps-ci. 

« Bougez ... Mais pas trop loin, hein ! »


L’un des atouts de la tablette, c’est sa mobilité. Je constate que cette mobilité est utilisée surtout au sein de la classe et rarement en dehors. La déconnexion hors les murs, la peur de casser, … Néanmoins, la tablette utilisée dehors est un trait d’union entre l’extérieur et la classe : elle sert à prélever des éléments du dehors qui seront ensuite utilisés en classe dans une activité d’analyse ou de synthèse. Dans ce collège de l’académie d’Aix-Marseille, les élèves ont conçu un parcours dans le village à destination des visiteurs valides et aveugles : le trajet est lisible sur la carte, avec des points d’intérêts commentés à l’écrit, photos à l’appui, et à l’oral, avec force descriptions. Entre chaque point, le parcours est décrit oralement, avec des détails qui pourront guider un aveugle (penser au bruit et à l’odeur, au toucher plutôt qu’à la vue). Des applications spécifiques permettent de programmer des parcours : Google Maps bien sûr, et aussi Tactileo Maps (une application de Maskott, en test pour le moment, un outil génial qui permet d’insérer des vidéos et des documents .doc ou .pdf dans les points d’intérêt, de masquer / démasquer les contenus lorsque l’élève s’approche etc… Mais je vous raconterai plus tard).


La tablette n’est quasiment jamais (dans mon enquête) connectée à l’intranet. Les enseignants utilisent donc Evernote de manière assez générale pour transmettre les consignes et récupérer le travail de chacun. Parfois c’est aussi Dropbox, ou un site du cours, ou un pdf transféré sur chaque tablette via l’application kindle.

Ce qui frappe dans ces usages, ce n’est pas tant la différence avec les ordinateurs, mais la facilité de prise en main des outils par les élèves. Les témoignages concordent sur le fait que les problèmes techniques sont moindres. On échappe avec la tablette aux erreurs de manipulation, aux hésitations des élèves qui plombent les premières vingt minutes d’un cours en salle informatique. J’ai été impressionnée par des usages très complexes (book Creator, insertion d’images prises dans la classe, de sons prélevés et de texte) par des élèves non lecteurs en début de grande section. La complexité est plutôt pour l’enseignant, mais j’en parlerai dans un troisième billet.


Merci à Ghislain, Fred, Aurélie, Véro, Joëlle, Estelle, Celia, Sylvie, Stéphanie, Christophe, Anne, Fabienne, Anne-Marie, Joani, Jacques, Anne-Marie, Emilie, Arnaud, Daniel, Olivier, Philippe, Laure, Géraldine, Pascale, Benjamin et les autres pour leur dynamisme, leur disponibilité, leur créativité.

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